MONDES PLASMIQUES

Une exposition de Jérôme Robbe.

1 avril – 21 mai

La galerie LMR présente, pour la première fois à Bordeaux, l’artiste français Jérôme Robbe. Mondes plasmiques est une exposition construite autour de deux séries emblématiques de la production de l’artiste ainsi que d’une de ses dernières œuvres inédites. Jérôme Robbe est né en 1981 à Paris, il vit et travaille depuis peu en Nouvelle-Aquitaine.
Diplômé de la Villa Arson en 2008, il se forme à la maîtrise des différentes techniques picturales tout comme à l’histoire de l’art et des formes. Son œuvre s’inscrit, avec force, dans une incessante recherche plastique qui interroge le cœur de l’histoire de la peinture. Si Jérôme Robbe considère qu’elle est une succession d’inventions techniques, c’est en peintre d’aujourd’hui qu’il y participe à sa façon, celle d’un artiste-chercheur-explorateur-inventeur.

Dans la série Action painting : l’air de rien, lancée en 2009-2010, il laisse la peinture couler librement sur le support et créer une image fantomatique. Les œuvres sont travaillées à plat, sur un plexiglass chauffé qui se déforme. Elles sont pulvérisées d’un verni qui chemine de façon hasardeuse sur la surface déformée par la température. L’artiste dépose ensuite un revêtement or ou argent lui aussi recouvert d’un all over de couches de couleurs. La surface sera plusieurs fois poncée puis recouverte, un mécanisme complexe qui inscrit l’œuvre dans la temporalité de la peinture et de son processus. Sur les surfaces rosées, rouges, bleutées, argentées, cuivrées, mates et/ou brillantes des peintures, apparaissent des analogies formelles. Elles évoquent la nature : la condensation de la vapeur d’eau sur une vitre, le lit d’un ruisseau, une image atmosphérique mais aussi l’objet plus technique : la carrosserie d’une voiture ou le beau bijou travaillé de pierres précieuses. Ici l’objet n’est pas représenté dans le tableau, mais le tableau devient objet.
Le caractère réfléchissant de ces œuvres, piège le regardeur à la surface de l‘œuvre. Il est pris dans des apparitions plus ou moins ectoplasmiques en déperdition de toute représentation, déformées par les ondulations du support, il se voit plongé dans une impression d’étrangeté.

Dans la série Surfaces débutée en 2017, Jérôme Robbe poursuit le processus pictural engagé dans la série l’air de rien mais avec un retour au tableau en deux dimensions. Des vernis colorés, des couches et des couches de couleurs s’écoulent sur du plexiglass miroirs. Les différents médiums sont les fluides vitaux de l’œuvre. Leurs qualités liquide et mouvante esquissent, dessinent et tracent une élégante représentation de l’énergie essentielle et pulsative de la peinture. Ici c’est de la nature même de la peinture dont il s’agit, de sa témérité.

Dans sa toute dernière série, Light Painting, débutée en 2019, il poursuit sa réflexion comme dans Blue light on red, où il continue l’exploration de l’héritage du modernisme américain, se promenant dans l’univers expressionniste, spirituel, à la plasticité organique du Colorfield américain. Les formes qui se révèlent dans ces tableaux y sont comme « des organismes doués d’une volonté et poussés par le besoin de s’affirmer. Elles se déplacent avec une liberté intérieure et sans besoin de correspondre à ce qui est probable dans notre monde familier ou de le contredire. Elles ne sont liées directement à aucune expérience visible donnée, mais on reconnaît en elles le principe et la vitalité des organismes. » (Mark Rothko, 1951).

Les œuvres de Jérôme Robbe sont un transport dans des mondes plasmiques dont la libre poésie nous plonge dans une délicate permanence de la peinture, à la fois vitale, sublimée et éternelle.

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